Bon c’est quoi le thème aujourd’hui ? Le retour de la biodiversité en ville, oh là là ce marronnier ! Trop de marronniers, pas assez de diversité… ça fait dix ans qu’on le ressasse, ce sujet ! Pour un peu on se referait le palmarès des villes les plus accueillantes à l’heure du changement climatique.
Et pour les mots-clés, qu'est-ce qu’ils m’ont concocté ? Nature, j’y aurais pensé merci, Oiseaux, bravo, Compost, Collemboles, tiens c’est nouveau ça, on a le droit de mettre des mots de quatre syllabes maintenant. La dernière fois que j’ai fait ça j’ai pris un blâme : Production non-conforme à la charte stylistique.
Collemboles c’est quand même étrange, de mémoire c’est des fruits exotiques, ça fait des tranches bizarres pour les cocktails, un genre d’étoile en tube en fait. Il vaut mieux vérifier…
Ah non, pas du tout, c’est des espèces d’insectes crustacés qui mange du pourri, j’ai bien fait de regarder… Tiens Wikipédia c’est bien, eux ils ont le droit de mettre des mots compliqués, et ils en profitent, les gourmands : rien que dans le premier paragraphe, arthropodes, pancrustacés, aptérygotes, sous-embranchement, hexapodes et, un petit dernier pour la route, clade, c’est court mais de bon gout.
Bon, la première phrase maintenant : La porte en métal s’ouvre, deux jeunes sortent, la porte se referme bruyamment sur la cage d’escalier. Mais ils vont faire combien de saisons avec ça ? C’est le troisième texte cette année avec cette ouverture. Ça sort sûrement d’une corrélation fumeuse de l’IA, qui a dû trouver que les textes qui commencent comme ça ramassent plus de j’aimes.
Pff, bon, au boulot. Tiens je vais faire une histoire d’amourette, pour changer.
La porte en métal s’ouvre, deux jeunes sortent, la porte se referme bruyamment sur la cage d’escalier. Marcel porte un seau. Ils se tiennent côte à côte, un peu craintifs dans l’obscurité et l’odeur lourde du compost. Fatima dit :
– Tu vois, je t’avais dit qu’il faisait frais ici. Et personne ne vient à cette heure-ci.
Marcel ne répond pas mais rougit, heureusement ça ne se voit pas dans la pénombre. Il sent l’odeur des déchets en composition, qui frôle l’écœurement, sans l’atteindre vraiment. C’est la même odeur que son grand-père avait dû sentir et qu’il sent encore maintenant dans la maison de son oncle. On s’assoit sur le banc : Fatima a gardé sa longue jupe noire qui lui tombe jusqu’aux genoux et cache ses jambes, les mains posées sur elles.
C’est bizarre cette proposition, attends, Nouvelle itération…
Et puis non. Puisque l’IA divague, autant la laisser faire, ça me changera de l’eau de rose qu’elle me sert d’habitude. Je vais même l’aider, tiens.
Fatima tire Marcel par la main, pour qu’il s’assoie près d’elle :
– Ce que tu es timide.
Marcel rougit encore plus mais répond :
– Attends, il faut que je vide le compost.
Il se dirige vers le grand bac en bois et y déverse son seau. Ça travaille là-dedans, ça fourmille de tous les animalcules possibles. Il revient vers Fatima, qui le force à s’assoir, et, de plus en plus embarrassé, il dit :
– Tu sais qu’on a dénombré plus de soixante espèces d’animaux dans ce compost ? Sans compter les microbes, hein.
Elle jette la tête en arrière et rit aux éclats :
– Toi, tu sais parler aux filles ! Tu t’entraînes !
D’un geste rapide, Fatima range les aliments dans l’estomac de son amant. Elle le retourne sur le dos, lui frotte les cheveux et lui murmure :
– Bon, maintenant
Ha ha, j’adore ! On dirait un remake érotique d’Alien !
– Bon, maintenant il va falloir passer aux choses sérieuses.
Elle approche lentement son visage du sien, tandis qu’il maitrise à grand-peine les borborygmes dans son ventre. Elle rapproche son coude de sa bouche, tout en fronçant les sourcils. Ses yeux deviennent plus étincelants, dans un mélange de sensualité et de malice. Le ventre du jeune homme est secoué par de violents spasmes. Il transpire à grosses gouttes, chaviré à la fois par les mouvements de ses tripes et ceux de son cœur. Il serre les dents. Au moment où Fatima dépose un baiser sur son coude, il plonge dans un rêve. Il a l’impression de flotter dans une mer déchainée, d’être au milieu d’un ouragan. Son ventre lui rappelle qu’il est encore présent dans son corps. Ses yeux sont ouverts, mais il n’est pas tout à fait éveillé. Une vague écrasante d’émotions l’emporte, quand soudain un fracas épouvantable emplit le local : sous l’influence conjuguée des vibrations amoureuses et de la chaleur de l’été, le compost a littéralement explosé.
Tous les fruits et légumes ont subi une métamorphose, et les ardeurs de Fatima et de Marcel ont enfin atteint leur but : le couple a donné naissance à une famille de fruits et de légumes. L’inconvénient, c’est que le sol, les murs, le plafond sont littéralement couverts de collemboles. Fatima et Marcel aussi.
Au loin, on entend un ronflement qui évoque une automobile. Le jeune homme se redresse. Sa compagne se tient debout, à côté de lui. Elle ne porte plus une jupe noire mais un boubou vert. Elle est belle et radieuse. Il est pâle et éperdument amoureux.
Bon ben voilà pour la biodiversité en ville. J’ai oublié les oiseaux et tant pis s’ils me virent. Je leur ai déjà dit, je ne suis pas nounou pour IA moi, ni boucheur de trous d’ailleurs. Je refuse ce glissement. J’ai toujours été écrivain. Je suis un artisan et je travaille seul.
Le texte que vous venez de lire a été écrit avec la contribution d’une intelligence artificielle, nommée Cédille. Les passages qu’elle a composés sont en italique (dans les paragraphes marqués en orange). Je dois dire qu’elle m’a surpris : j’avais prévu que le narrateur, mal luné, fasse déraper le texte pour saboter le travail de l’IA mais elle a dérapé toute seule ! Je l’ai donc accompagnée dans cette voie, tout en vous épargnant les propositions les plus corsées — on dirait que l’IA surréagit au mode Amourette.
Ancrage dans le monde actuel :
Il y a eu beaucoup d’articles dans la presse sur les métiers menacés par l’IA, notamment dans les services, par exemple celui-ci (Les Echos). Vous pouvez aussi lire ici un article sur différents types d’interactions que l’humain pourra avoir avec l’IA dans le cadre du travail (Capital).
Les métiers créatifs devraient être moins touchés mais vous trouverez ici quelques autres exemples d’IA qui génèrent du texte. Je colle ci-dessous un exemple tiré de copy.ai, qui génère des billets de blog (seulement en anglais semble-t-il pour le moment). J’ai inséré un sujet, la biodiversité en ville bien sûr, et quatre mots-clés, insectes etc., et je trouve le résultat impressionnant. Les romans écrits par des IA sont pour bientôt semble-t-il.
Gardez votre travail, ne confondez plus carambole et collembole (Wikipédia).
L’Ouvroir de littérature potentiel, Oulipo pour les intimes, est un mouvement littéraire qui s’impose des contraintes pour faire émerger des textes qui n’existeraient pas sans ça. L’exemple le plus emblématique est La disparition, de Georges Perec, roman écrit sans utiliser la lettre E (sauf dans le nom de l’auteur). Dans le cas présent, la contrainte était d’écrire avec l’IA en mode ping-pong.